jeudi 17 février 2011

Soyons désinvoltes, n'ayons peur de rien.

Ils avaient raison. Il est revenu, il a repris son commerce, ses petites conneries, son tintouin dégueulasse. Une bavure ? Sûrement pas. Petit con. Il prend les vies comme on jette un papier. Jeter un papier. Facile. Quand j'étais petite, ma mère me disait toujours que les déchets partent à la poubelle, qu'on ne balance pas son chewing-gum sur le trottoir, comme si c'était naturel. Que les papiers de gâteau n'avaient pas leur place sur l'herbe du parc. Qu'on ferait chier le monde, à tout dégueulasser.
Cet abrutis, c'est le genre de gars qui voit une poubelle, mais qui jette son mégot par terre. C'est le chat de la rue qui fout en l'air une ville propre en allant manger l'intérieur du sac plastique et foutre la merde tout autour. Bien joué mec ! Et je suis sûre que de là où il fait son business, il doit être content de lui; content de son travail; content d'avoir souillé le petit monde dans lequel il s'est installé. Bel enfoiré, gros enculé.

A midi, au téléphone, mamie m'a dit qu'il allait trop mal, qu'ils voulaient tout arrêter. Qu'il fallait que je l'appelle. Comment on compte le temps qu'il reste ? Comment on sait quand il est temps ? Comment on explique aux enfants ? Comment on accepte soi-même ?

Qui dit cancer dit récidive. Et moi, je continue de fumer comme si de rien n'était.

A mon tonton Yves, chez qui j'ai appris à nager, chez qui j'ai vu mes premiers films, chez qui j'ai passé des étés avec les glaces et la piscine, avec la peinture et les feutres, avec Yann et le mah-jong, les repas sous le tilleul. 

mardi 8 février 2011

Viens chez moi, j'habite à la Paillade.

Il la ramène : "Regarde-moi ça, on-on-on fait des trucs tr-trop de dingues, t'as vu." Il se revendique de la communauté gitane et il traîne sur Skyrock juste à côté de moi. Il me dit qu'avec son cousin, ils font des supers vidéos. Ils s'auto-proclament "Les fou du cartier". Tiraillée entre mon désir éternel d'être polie et celui plus égoïste de regarder l'interview d'Edwy Plenel, je succombe à mon élan de générosité et mate assidûment les vidéos de ce garçon qui joue à Yamakasi sur les trottoirs de la Paillade sur un fond de rap ringard. Et puis je finis par lâcher l'affaire. Lui aussi. Il reprend son activité première : trouver des meufs avec Skyblog. J'entends des murmures de "salope" et compagnie à chaque fois qu'il change de profil. Je n'en dis rien. Tout à coup, cri du coeur, il commente la page d'une petite minette maquillée jusqu'au nombril : "Cherche mecs et nanas". Un trop-plein pour lui, il ne peut s'empêcher de me mettre au courant "C'est trop une folle, la meuf. Grosse sa-sa-salope quand même." Obligée de répondre, mine de rien, derrière son bégaiement : "Pourquoi ?" Une réponse attendue, on ne se refait pas : "Ben-ben elle chercher un mec ou-ou-ou une nana" Je joue la carte de la niaiserie, pour ne pas trop le brusquer : "Et alors ?" - "Ben, comment on app-pp-elle ça déjà ? Elle est-elle est-elle est-bi. C'est dégueulasse"
Expliquer à un minot de 18 ans ( "Eh, je suis né juste un an après toi-toi-toi. Ouais." ) que l'attirance sexuelle est toute relative et que l'on se doit de la respecter quelle qu'elle soit, sans qu'il se braque, c'est transformer son stage audiovisuel en un stage social. Et c'est bien aussi, après tout.