Ils avaient raison. Il est revenu, il a repris son commerce, ses petites conneries, son tintouin dégueulasse. Une bavure ? Sûrement pas. Petit con. Il prend les vies comme on jette un papier. Jeter un papier. Facile. Quand j'étais petite, ma mère me disait toujours que les déchets partent à la poubelle, qu'on ne balance pas son chewing-gum sur le trottoir, comme si c'était naturel. Que les papiers de gâteau n'avaient pas leur place sur l'herbe du parc. Qu'on ferait chier le monde, à tout dégueulasser.
Cet abrutis, c'est le genre de gars qui voit une poubelle, mais qui jette son mégot par terre. C'est le chat de la rue qui fout en l'air une ville propre en allant manger l'intérieur du sac plastique et foutre la merde tout autour. Bien joué mec ! Et je suis sûre que de là où il fait son business, il doit être content de lui; content de son travail; content d'avoir souillé le petit monde dans lequel il s'est installé. Bel enfoiré, gros enculé.
A midi, au téléphone, mamie m'a dit qu'il allait trop mal, qu'ils voulaient tout arrêter. Qu'il fallait que je l'appelle. Comment on compte le temps qu'il reste ? Comment on sait quand il est temps ? Comment on explique aux enfants ? Comment on accepte soi-même ?
Qui dit cancer dit récidive. Et moi, je continue de fumer comme si de rien n'était.
A mon tonton Yves, chez qui j'ai appris à nager, chez qui j'ai vu mes premiers films, chez qui j'ai passé des étés avec les glaces et la piscine, avec la peinture et les feutres, avec Yann et le mah-jong, les repas sous le tilleul.